Projet éolien de la Baie de Saint Brieuc

15 / 02 / 2021

Projet éolien de la Baie de Saint Brieuc

Fév 15, 2021 | Actualités

ORIGINE DU TEXTE : Jean-Pierre Le Gorgeu, février 2021

 

ILLUSTRATION : Nicolas WAECKEL

 

LE POINT DE VUE DE PNC :

PNC ne peut que partager le point de l’auteur. On se trouve face à une véritable gabegie.

Dans l’immédiat, le programme éolien en mer, ruineux et inefficace, devrait être arrêté pour que les moyens de la France s’investissent dans des actions véritablement utiles à la tenue de nos engagements climatiques.

La vraie solution serait de maintenir le parc nucléaire existant, le prolonger et le remplacer peu à peu par des EPR nouvelle génération, afin de restaurer une production électrique sûre, pilotable et économiquement avantageuse.

TEXTE

Vis à vis du projet d’Ailes Marines, Le Comité National des Pêches Maritimes et Élevages Marins (CNPMEM) vient d’aligner sa position sur celle du Comité Départemental des Pêches (CDPMEM) de Saint Brieuc qui demande l’arrêt immédiat du projet. Suite à ces prises de position, le Préfet des Côtes d’Armor a déclaré (Ouest France du 27 janvier) que « la date de démarrage du chantier n’est pas arrêtée », qu’elle restait précisément à déterminer et « à débattre avec les pêcheurs ». Sauf nouveau rebondissement faisant suite à une reprise en main du dossier par le Ministère de l’Écologie, on peut comprendre que l’ouverture des travaux, prévue au printemps, est repoussée.

Ceci n’est pas sans conséquence pour le chantier du Polder Énergies Marines de Brest. Le quai destiné à recevoir des charges lourdes, élément essentiel de cette plate-forme industrielle et logistique, n’a pas été capable de soutenir son propre poids et s’est déformé (cf. ma note du 19 novembre 2020). Aux 220 M€ du projet initial sont venus s’ajouter 45 M€ de travaux de consolidation. Dans l’urgence (réponse au démarrage du projet de Saint Brieuc) et sans attendre la résolution du contentieux, la région a conçu un montage financier autorisant le démarrage rapide des travaux. Vinci (constructeur) avance 30 M€, la région met 15 M€ sur la table, le bureau d’ingénierie EGIS continuant à exercer ses missions de maître  d’œuvre sans rémunération complémentaire. Mais y a-t-il encore urgence ?

Perspectives de développement de l’éolien en mer.

Aux chiffres annoncés par la Commission Européenne (cf. note ante) se sont ajoutés ceux contenus dans la déclaration de Madame Girardin, Ministre de la Mer (Journal du Dimanche du 29 novembre 2020) qui fixe pour l’éolien en mer un objectif de 25 % de l’électricité produite en France en 2050. Ceci nécessiterait l’implantation de quelque 4000 machines de 10 MW le long des côtes françaises. Les différents usagers de la mer, et pas seulement les marins pêcheurs peuvent légitimement s’inquiéter !

L’élaboration du dossier de la Baie de Saint Brieuc, et celui d’autres parcs ont duré suffisamment pour qu’apparaissent leurs faiblesses. Il n’est que de lire la réponse de Madame Barbara Pompili à une question posée par le député Sébastien Jumel, le 14 janvier : « J’ai vu les erreurs qui ont été faites au départ. (…) Oui, le zonage a été pensé au départ sans associer suffisamment les différents acteurs, sans réfléchir aux conséquences que ça pouvait avoir, et résultat, je crois que tout le monde, y compris les porteurs de projet ont bien compris que faire sans concertation, ne pas tenir compte des pêcheurs, ne pas tenir compte de l’écosystème local quelque part, c’était une erreur absolue, tout le monde l’a bien compris, le temps qui a été perdu, n’a pas été rattrapé ».

Suffisamment duré en tous cas pour que les marins pêcheurs, gens éduqués, comme le sont d’ailleurs l’ensemble de nos concitoyens, et donc capables en particulier de faire des règles de trois se rendent peu à peu compte des faiblesses de cette énergie, tant en matière de prix que de réponse aux besoins en électricité du pays et de lutte contre les émissions de GES.

Les prix auxquels le consommateur français devra payer le courant électrique issu de ces parcs offshore ont été communiqués par la Commission Européenne, reprenant les éléments fournis par le Gouvernement Français : 155 €/MWh pour Saint-Brieuc, auxquels il faudra ajouter selon toute vraisemblance 20 € pour couvrir les frais de raccordements rendus difficiles par la nature des fonds. En ce qui concerne l’éolien flottant la CE donne un prix se situant aux alentours de 350 €/MWh alors même que dans le récent débat public relatif au projet en Sud Bretagne, il n’est question que de 120… Et ce, alors que le prix de marché moyen se situe aux alentours de 50 € et qu’EDF est tenue de vendre à ses concurrents un quart de sa production nucléaire au titre de l’ARENH au prix de 42 €.

Fourniture d’Énergie. L’irrégularité de la production et son incapacité à répondre de manière fiable à la consommation apparaît de manière de plus en plus criante. Il suffit d’examiner la situation du système électrique français le vendredi 8 janvier dernier. Lors de cette journée froide, c’est le pilotable (nucléaire en premier) qui a constitué à la pointe la majeure partie (94,8%) de la production, les énergies intermittentes n’en fournissant que 2,7%.

En conclusion. S’ajoutant à la fermeture de Fessenheim, la loi de programmation énergétique prévoit de supprimer 12 tranches nucléaires d’ici 2035. Pour assurer la sécurité du réseau il faudra les remplacer par des Centrales à Gaz émettrices de CO2, du type de Landivisiau ! Ces fermetures sont surprenantes, alors qu’une relance du nucléaire se fait jour dans au moins 7 pays européens : Grande Bretagne, Pologne, Roumanie, Hongrie, Tchéquie, Pays Bas, Suède. La France, principal pays européen pour cette industrie, n’est-elle pas en train de se mettre hors-jeu ? À cet égard, la taxonomie européenne excluant le nucléaire de la liste des activités économiques durables n’est pas rassurante, elle risque de contrarier le financement de projets. Et que dire des barrages, dont la France devrait conserver la maîtrise. ?

La vraie solution serait de maintenir le parc nucléaire existant, le prolonger et le remplacer peu à peu par des EPR nouvelle génération, en particulier sur les sites côtiers dont les marins pêcheurs semblent s’accommoder ? Une politique de long terme se devrait également de développer la génération 4 (réacteurs à neutrons rapides) en vue d’une fermeture du cycle de l’uranium, de façon à affranchir notre pays pour des siècles de la limitation des ressources naturelles en uranium 235.

À ces conditions, renouant avec cette vision volontariste de long terme qui fut celle de nos gouvernants au début des années 70, il sera possible de fournir aux français à un prix raisonnable une énergie décarbonée, de qualité et en quantité suffisante pour répondre aux développements inéluctables des usages de l’électricité.

Dans l’immédiat, le programme éolien en mer, ruineux et inefficace, devrait être arrêté pour que les moyens de la France s’investissent dans des actions véritablement utiles à la tenue de nos engagements climatiques.

 

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